La médiation de la consommation est-elle obligatoire ?

La médiation de la consommation est une solution mise en place pour faciliter le règlement amiable des litiges entre consommateurs et professionnels. Dans une société où la consommation occupe une place croissante, la médiation offre une alternative plus simple, plus rapide et souvent moins coûteuse que le recours aux tribunaux. Mais est-elle obligatoire ? Qui est concerné ? Quelles sont les règles à respecter ? Cet article permet de mieux comprendre ce mécanisme, devenu incontournable dans les relations commerciales.
Qu’est-ce que la médiation de la consommation ?
La médiation de la consommation est un processus extrajudiciaire de résolution des conflits. Elle permet à un consommateur, qui rencontre un litige avec un professionnel, de faire appel à un médiateur pour tenter de résoudre le conflit à l’amiable.
Le médiateur n’impose pas sa décision, comme le ferait un juge ou un arbitre, mais propose une solution que les parties sont libres d’accepter ou de refuser. Cette souplesse constitue l’un des principaux avantages de la médiation.
Ce mode de règlement alternatif s’inscrit dans une démarche de pacification des relations commerciales et vise à désengorger les juridictions civiles souvent saturées.
Une obligation légale pour les professionnels
Depuis l’entrée en vigueur de l’ordonnance n° 2015-1033 du 20 août 2015, transposant la directive européenne 2013/11/UE relative au règlement extrajudiciaire des litiges de consommation, la médiation de la consommation est devenue obligatoire pour tous les professionnels exerçant une activité commerciale, artisanale ou libérale, dès lors qu’ils contractent avec des consommateurs.
Autrement dit, tout professionnel doit permettre à ses clients particuliers de recourir gratuitement à un médiateur de la consommation agréé en cas de litige non résolu par une réclamation préalable.
- À quoi cette obligation répond-elle ?
Cette exigence vise plusieurs objectifs :
- Faciliter l’accès à la justice pour les consommateurs
- Encourager les modes de résolution amiables des litiges
- Renforcer la confiance des citoyens dans les relations commerciales
- Réduire les délais et les coûts liés aux procédures judiciaires
Quelles obligations concrètes pour les entreprises ?
Les professionnels sont tenus de respecter un ensemble d’obligations précises pour se conformer à la législation. Il ne suffit pas de simplement évoquer l’existence d’un médiateur : un dispositif structuré doit être mis en place.

- Adhérer à un dispositif de médiation
Tout d’abord, le professionnel doit adhérer à un organisme de médiation de la consommation. Ce médiateur doit être référencé auprès de la Commission d’évaluation et de contrôle de la médiation de la consommation (CECMC), une autorité administrative indépendante chargée de s’assurer que les médiateurs respectent les critères de compétence, d’impartialité et de transparence.
Le choix du médiateur peut dépendre du secteur d’activité, mais dans tous les cas, il doit figurer dans la liste officielle publiée par la CECMC.
- Informer le consommateur
L’obligation d’information est essentielle. Le professionnel doit clairement signaler au consommateur qu’il a la possibilité de recourir à un médiateur. Cette information doit apparaître :
- Dans les conditions générales de vente (CGV)
- Sur le site internet de l’entreprise (le cas échéant)
- Sur les factures, bons de commande ou tout autre support contractuel
- Par le service client, en cas de réclamation
Les coordonnées complètes du médiateur (nom, site internet, adresse postale ou électronique) doivent être fournies de façon lisible et compréhensible.
- Faciliter la saisine du médiateur
Le professionnel doit également garantir un accès simple et gratuit à la procédure de médiation. Il doit informer le client sur les conditions de saisine, la durée moyenne de traitement et la possibilité pour le consommateur d’être assisté ou représenté.
Une démarche facultative pour le consommateur
À la différence du professionnel, le consommateur n’est pas tenu d’utiliser la médiation. Il reste entièrement libre de recourir ou non à ce mode alternatif de règlement des litiges.
Autrement dit :
- Si le consommateur souhaite porter l’affaire devant les tribunaux directement, il en a le droit.
- S’il choisit de saisir un médiateur, il n’est pas obligé d’accepter la solution proposée à l’issue du processus.
La médiation constitue donc une option volontaire et gratuite pour le consommateur, ce qui participe à son attractivité.
Quelles sanctions en cas de manquement ?
Le non-respect de l’obligation de proposer un dispositif de médiation de la consommation est passible de sanctions administratives prévues par le Code de la consommation.
- Montant des sanctions :
- 15 000 € d’amende pour une personne morale (société, association, etc.) ;
- 3 000 € d’amende pour une personne physique exerçant en nom propre (auto-entrepreneur, artisan indépendant, etc.).
Ces sanctions peuvent être prononcées par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), souvent à l’issue d’un contrôle.
Outre l’aspect financier, le professionnel s’expose à un risque réputationnel : un litige mal géré peut nuire à l’image de l’entreprise, engendrer une mauvaise publicité sur les réseaux sociaux ou des avis négatifs en ligne.
Des exceptions prévues par la loi
Tous les secteurs d’activité ne sont pas concernés par l’obligation de médiation de la consommation. Certaines professions et services sont exclus du champ d’application de la directive européenne et donc de l’ordonnance de 2015.
- Les principaux cas d’exclusion :
- Les services de santé : les prestations assurées par les professionnels de santé (médecins, dentistes, kinésithérapeutes, etc.) ne relèvent pas de la médiation de la consommation. Les litiges doivent être traités dans le cadre des procédures disciplinaires ou judiciaires spécifiques.
- Les relations entre professionnels (B2B) : la médiation de la consommation concerne exclusivement les relations entre un professionnel et un particulier. Elle ne s’applique pas aux litiges entre deux entreprises.
- Les services publics non marchands : l’éducation nationale, la sécurité sociale, la police, etc.,relèvent de régimes particuliers de médiation administrative ou contentieuse.
Des dispositifs alternatifs existent parfois dans ces domaines, comme le médiateur de l’éducation nationale, le Défenseur des droits, ou encore les médiateurs de santé pour certaines institutions hospitalières.
Pourquoi encourager la médiation ?
Au-delà de l’obligation légale, la médiation de la consommation présente de nombreux avantages tant pour le professionnel que pour le consommateur.
- Pour les professionnels :
- Réduction des coûts liés aux contentieux
- Gain de temps, avec des délais de traitement souvent inférieurs à 90 jours
- Amélioration de la relation client grâce à une écoute et une résolution humaine des conflits
- Conformité réglementaire : évite les sanctions et rassure les clients
- Pour les consommateurs :
- Gratuité du processus
- Accessibilité (procédure souvent dématérialisée)
- Simplicité (pas besoin d’avocat)
- Possibilité d’éviter les tribunaux, souvent longs et complexes.
Comment se déroule une médiation de la consommation ?
Voici les principales étapes du processus :
- Réclamation préalable auprès du professionnel : le consommateur doit d’abord tenter de résoudre le litige par ses propres moyens (email, courrier recommandé…).
- Saisine du médiateur : si aucune solution n’est trouvée dans un délai de 2 mois, le consommateur peut contacter le médiateur désigné.
- Instruction du dossier : le médiateur analyse les pièces, contacte éventuellement les parties, et cherche un terrain d’entente.
- Proposition de solution : dans un délai de 90 jours (sauf cas complexes), une proposition est formulée. Les parties sont libres de l’accepter ou non.
En résumé : que faut-il retenir ?

Conclusion
La médiation de la consommation est bien une obligation légale pour les professionnels, qui doivent intégrer ce dispositif dans leur fonctionnement quotidien. Elle représente un levier important pour prévenir les litiges, favoriser la satisfaction client, et maintenir une relation de confiance durable.
Pour le consommateur, elle reste une option volontaire, mais souvent judicieuse pour obtenir réparation sans avoir à entamer de longues démarches judiciaires.
Dans un contexte où les exigences des clients sont de plus en plus fortes et où la réputation d’une entreprise peut être affectée face à une insatisfaction, proposer une médiation efficace et transparente n’est plus seulement une contrainte réglementaire : c’est aussi un enjeu stratégique.