commerce de détail
0 minutes
 de lecture

La médiation de la consommation est-elle obligatoire en commerce de détail ?

La médiation de la consommation est-elle obligatoire en commerce de détail ? Explications sur les obligations légales et les bénéfices pour les professionnels.
Sommaire
Besoin de plus d’information ?
Contactez

Les relations commerciales sont par nature des interactions humaines, et il n’est pas rare qu’un désaccord puisse survenir entre un professionnel et son client. Qu’il s’agisse d'une boutique physique, d’un site e-commerce ou d’un service de proximité, la gestion des réclamations est un enjeu quotidien.

Face à ces situations, la médiation de la consommation est une solution rapide et efficace. Mais au-delà de son efficacité, une question se pose pour les commerçants : est-il obligatoire de recourir à la médiation de la consommation ?  

Cet article développe le cadre légal de la médiation de la consommation et vise à éclairer les professionnels du commerce de détail sur leurs responsabilités. Comprendre cette obligation permet d’être en conformité avec la loi, mais aussi d’améliorer la relation client et de sécuriser son activité.

Le cadre légal de la médiation de la consommation

 

La médiation de la consommation a connu une évolution significative au cours de la dernière décennie qui s’explique par une volonté européenne de renforcer la protection des consommateurs et de faciliter l'accès à des modes de résolution des litiges moins coûteux et plus rapides que la voie judiciaire classique.

  • Origine et objectifs de la médiation de la consommation

L’objectif de la Directive européenne 2013/11/UE du 21 mai 2013, relative au règlement extrajudiciaire des litiges de consommation (REL) est d’offrir aux consommateurs une voie de recours simple, rapide et peu coûteuse en cas de litige avec un professionnel. Cette directive a été transposée en droit français par l'Ordonnance n° 2015-1033 du 20 août 2015 et le Décret n° 2015-1382 du 30 octobre 2015. Ces textes ont modifié le Code de la consommation, instaurant de nouvelles exigences pour les professionnels.

Les buts de la médiation sont multiples :

- Faciliter l'accès à la justice pour les consommateurs.

- Désengorger les tribunaux, en offrant une alternative aux litiges.

- Restaurer le dialogue entre les parties, en favorisant une solution amiable et mutuellement acceptable.

- Protéger les consommateurs en leur garantissant un droit à un recours effectif et indépendant.

  • Qui est concerné par cette obligation ?

Tout professionnel qui conclut des contrats de vente de produits ou de prestation de services avec des consommateurs est concerné par l'obligation de proposer un dispositif de médiation de la consommation. Cela inclut, l'intégralité du commerce de détail, qu'il opère via une enseigne physique, un site de vente en ligne (e-commerce), un service à domicile ou toute autre forme de distribution. Peu importe la taille de l'entreprise, son chiffre d'affaires ou son statut juridique, dès lors qu'elle vend à des consommateurs finaux, elle est soumise à cette réglementation.

  • Distinction entre "obligation" de proposition et "obligation" de résultat

C'est un point crucial qu'il convient de bien saisir. La loi impose au professionnel une obligation de moyens et non de résultat. Cela signifie que le commerçant a l'obligation de proposer au consommateur un dispositif de médiation de la consommation. Il doit l'informer de l'existence de ce dispositif et des coordonnées du médiateur compétent.

En revanche, le professionnel n'a pas l'obligation que le litige soit résolu par ce biais, ni même que le consommateur choisisse d'y recourir. La médiation reste un processus volontaire pour le consommateur. Si le consommateur décide de ne pas saisir le médiateur ou si la médiation n'aboutit pas à un accord, le professionnel aura néanmoins rempli son obligation légale. L'important est que le consommateur ait eu la possibilité d'accéder à ce mode de résolution amiable.

 

L'obligation du professionnel en matière de médiation de la consommation

 

Les professionnels du commerce de détail doivent suivre des règles précises pour être en conformité avec leur obligation.

  • L'information du consommateur
Obligation d'information des coordonnées du médiateur de la consommation aux consommateurs

Le professionnel a l'obligation d'informer clairement son client des coordonnées du médiateur de la consommation dont il relève. Cette information doit être lisible et compréhensible, et facilement accessible. Elles doivent figurer :

- Sur le site internet du professionnel, si celui-ci en possède un. L'information doit être visible, souvent dans une rubrique dédiée aux conditions générales de vente (CGV), ou à côté des mentions légales.

- Sur les conditions générales de vente (CGV),qu'elles soient en ligne ou papier. C'est un emplacement stratégique pour informer le consommateur dès la conclusion du contrat.

- Sur les bons de commande, les factures ou tout autre support contractuel. Cela garantit que l'information est transmise à chaque transaction.

- Dans les lieux de vente physiques, par voie d'affichage visible et lisible.

  • Le choix du médiateur

Tous les médiateurs ne sont pas habilités à prendre en charge les litiges de consommation. Pour être valide, le médiateur choisi par le professionnel doit impérativement :

Être indépendant et impartial : le médiateur ne doit avoir aucun lien hiérarchique ou financier avec le professionnel. Son rôle est de faciliter le dialogue et non pas de prendre parti.

- Être référencé par la Commission d'Évaluation et de Contrôle de la Médiation de la Consommation (CECMC) : cette commission, placée auprès du ministre chargé de l'Économie, est garante de la qualité et de l'indépendance des médiateurs. Elle établit et met à jour une liste des médiateurs accrédités.

- Être désigné par le professionnel ou son secteur d'activité : un professionnel peut adhérer à un dispositif de médiation sectoriel ou désigner un médiateur individuel. Dans le cas d'un médiateur individuel, il est crucial que toutes les garanties d'indépendance et d'impartialité soient respectées.

  • Le traitement préalable de la réclamation

Avant de pouvoir saisir le médiateur, le consommateur doit, selon la loi, avoir préalablement tenté de résoudre son litige directement avec le professionnel par une réclamation écrite. Cette étape est essentielle et le médiateur vérifiera qu'elle a bien été respectée.

Pour le professionnel, cela implique de :

- Mettre en place un processus de traitement des réclamations clair et efficace. Il s'agit d'accuser réception de la réclamation, et d’apporter une réponse dans un délai raisonnable.

Répondre aux réclamations écrites (courrier, e-mail) dans un délai de deux mois. C'est seulement en l'absence de réponse satisfaisante ou en cas de refus persistant du professionnel que le consommateur pourra saisir le médiateur.

 

Les sanctions en cas de non-respect de l'obligation

 

Le non-respect de l'obligation de proposer un dispositif de médiation de la consommation n'est pas sans conséquence pour les professionnels. L'article L. 641-1 du Code de la consommation prévoit une amende administrative pouvant aller jusqu'à 3 000 euros pour une personne physique et 15 000 euros pour une personne morale.

Au-delà des sanctions financières, le non-respect de cette obligation peut également avoir des répercussions négatives sur l'image et la réputation de l'entreprise.

 

Les bénéfices de la médiation pour le commerce de détail

 

La médiation de la consommation offre de nombreux avantages concrets et mesurables pour les professionnels du commerce de détail :

  • Amélioration de la relation client

Face à un litige, la médiation permet de désamorcer les tensions. Plutôt que de laisser un désaccord s'envenimer et aboutir à une confrontation juridique, la médiation offre un espace de dialogue neutre et constructif. En proposant cette solution amiable, le professionnel démontre sa bonne foi et sa volonté de trouver une issue satisfaisante pour le client.

  • Gain de temps et d'argent
médiation de la consommation est plus rapide et moins coûteuse

Comparée à une procédure judiciaire, la médiation de la consommation est plus rapide et moins coûteuse.

Rapidité du processus : alors qu'une procédure judiciaire peut s'étaler sur des mois, voire des années, une médiation aboutit souvent à une solution en quelques semaines. Cette célérité permet aux entreprises de se concentrer sur leur cœur de métier plutôt que de s'enliser dans des querelles juridiques chronophages.

  • Image de marque et responsabilité sociale de l'entreprise (RSE)

Adopter un dispositif de médiation de la consommation de manière proactive et le communiquer clairement est un signal fort envoyé aux clients. Cela démontre une démarche responsable, transparente et orientée vers la satisfaction client.

Renforcement de la réputation : une entreprise qui gère efficacement les litiges via la médiation est perçue comme soucieuse de ses clients, renforçant ainsi sa réputation et sa crédibilité sur le marché.

Différenciation concurrentielle : dans un marché compétitif, le respect de cette obligation légale peut devenir un atout distinctif. Les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux entreprises qui adoptent des pratiques éthiques et responsables.

Contribution à la RSE : la médiation s'inscrit pleinement dans une démarche de Responsabilité Sociale des Entreprises, en favorisant le dialogue, la résolution pacifique des conflits et une meilleure protection des droits du consommateur.

 

Conclusion

 

Tout professionnel vendant des biens ou services aux consommateurs doit proposer un dispositif de médiation de la consommation et en informer clairement ses clients. Cette obligation légale, encadrée par le Code de la consommation, vise à faciliter la résolution amiable des litiges. Le non-respect expose à des sanctions. La médiation représente aussi un atout pour améliorer la relation avec les clients et sécuriser l’activité.

Dans la même catégorie